Dagpo Dratsang (ou Dagpo Shedrup Ling) est une université monastique bouddhiste tibétaine fondée au XVe siècle. Le monastère originel est situé dans la région du Dagpo au sud-est du Tibet. Depuis 2005, un nouveau monastère a été créé au nord de l'Inde dans la région de l'Himachal Pradesh au sein de la vallée de Kullu, où 180 moines environ vivent et étudient.
HISTOIRE
Dagpo Shedrup Ling a été fondé par Je Lodrö Tenpa (1402-1476) à la demande du maître exceptionnel Je Tsongkhapa (1357-1419) au milieu du XVe siècle au Sud-Est du Tibet.
CREATION DE DAGPO SHEDRUP LING
Le bouddhisme est né vers 500 avant notre ère en Inde et s'est répandu au Tibet à partir de 600 de notre ère. A partir du XIe siècle, diverses écoles se forment, la plus récente étant l'école Gelugpa, fondée par Je Tsongkhapa (1357-1419).
Cet érudit et enseignant bouddhiste extraordinaire a composé un ouvrage qu'il a intitulé La grande exposition des étapes de la voie vers l'Eveil (également connu sous le nom de Grand Lamrim) dans lequel il résume l'intégralité de l'enseignement de Bouddha. Lorsque son élève, Je Lodrö Tenpa, lui rendit visite peu de temps après qu'il eut achevé la composition de ce traité fondamental, l'auteur le bénit en touchant sa tête avec une copie de celui-ci, qu'il lui donna ensuite, l'exhortant à établir un monastère dans le sud du Tibet où les enseignements qu'il contenait seraient enseignés, étudiés et médités.
Je Lodrö Tenpa rassembla quelques étudiants autour de lui et créa peu à peu une communauté monastique dans la région du Dagpo au sud du Tibet, qui prendra plus tard le nom de monastère de Dagpo Shedrup Ling. En raison de son lien avec les enseignements du Lamrim de Je Tsongkhapa, Dagpo Shedrup Ling est également connu sous le nom de Lamrim Dratsang.
LE FONDATEUR
Je Lodrö Tenpa est né dans un petit village du Tsang, dans l'ouest du Tibet. Il fut apparent dès son plus jeune âge qu'il était un enfant prodigieusement intelligent et doué. À l'âge de onze ans, il reçut l'ordination monastique et s'engagea dans une formation monastique traditionnelle.
Son professeur principal était Gyeltsab Je (1364-1431), l'un des élèves principaux de Je Tsongkhapa et son successeur à la tête de l'école Gelugpa, mais il fut aussi l'élève de Je Tsongkhapa lui-même.
XVe – XXe SIECLE
Une fois que Je Tsongkhapa lui eut confié la transmission et la préservation de l'enseignement du lamrim, Je Lodrö Tenpa séjourna d'abord au monastère de Sangphu pendant plusieurs années. Au moment de le quitter, il décida que le moment était venu d'accomplir la tâche qui lui avait été confiée. Guidé par cette aspiration, il se rendit dans le sud-est du Tibet, séjournant dans divers ermitages du Dagpo et du Lhokha pour méditer.
Alors qu'un nombre grandissant de pratiquants le reconnaissaient comme un véritable érudit et un méditant accompli, ils s'adressaient à lui pour recevoir conseils et instructions. Bientôt, un groupe de disciples se constitua autour de lui, dont Gomchen Ngawang Drakpa qui allait devenir son successeur. Ainsi, prit forme une communauté monastique appelée Dagpo Dratsang.
À l'origine, elle n'avait pas de lieu fixe : les moines se déplaçaient d'un monastère à l'autre, organisaient leurs cours et leurs assemblées de prière, et engageaient des débats avec leurs confrères partout où ils se trouvaient. Ils passèrent quelque temps dans un petit monastère appelé Trakteng dans le Dagpo mais continuèrent néanmoins à errer d'un endroit à l'autre, mendiant leur nourriture partout où ils allaient.
Au XVIIe siècle, la communauté s'installe dans un monastère abandonné sur la rive droite du fleuve Brahmapoutre au Tibet. Dagpo Shedrub Ling, comme la communauté fut nommée à cette époque, y a depuis résidé.
Au fil du temps, Dagpo Shedrub Ling grandit pour atteindre plus de 600 membres. Il est devenu l'un des trois monastères les plus importants du sud-est du Tibet. Il a produit de nombreux érudits importants versés dans la philosophie bouddhiste ainsi que de grands méditants qui, grâce à leurs efforts, ont atteint les plus hautes réalisations spirituelles. La communauté a continué à respecter l'engagement initial de son fondateur en transmettant les enseignements du Lamrim dans une lignée ininterrompue jusqu'en 1959.
LES ANNEES EN INDE
Une quinzaine de moines, dont le Vénérable Dagpo Rinpoche, décidèrent de se rendre en Inde en 1959 et s'installèrent dans le nord-ouest de l'Inde près de la frontière tibétaine. Dagpo Rinpoche fut bientôt invité en France en 1960 pour assister des tibétologues dans leurs recherches. Il enseigna ensuite pendant plus de trente ans la langue et la civilisation tibétaines à l'I.Na.L.C.O., établissement affilié à l'Université de la Sorbonne à Paris.
Dagpo Rinpoche a été une source inépuisable de soutien et d'inspiration pour les moines de Dagpo Shedrup Ling au Tibet et en Inde de 1959 à aujourd'hui. En 1979, un petit monastère à Bomdila dans l'état de l'Arunachal Pradesh au nord-est de l'Inde est mis à la disposition des moines, et leurs errances prennent fin. La communauté atteint désormais 50 membres et en 1981, l'utilisation d'un petit monastère dans la colonie tibétaine de Mainpat, dans le centre de l'Inde, leur est offert. Là, ils ont pu reprendre leurs anciennes méthodes d'étude et de pratique.
Cependant, en raison de l'isolement de la colonie, de son paludisme endémique et d'autres problèmes, il a été décidé en 1996 de rechercher un emplacement plus favorable pour construire un nouveau monastère. Le 11 mai 2005, à Kais dans la vallée de Kullu au nord de l'Inde, un nouveau complexe monastique a été consacré. Quelque 180 moines (2019) vivent et étudient à Kais et 100 jeunes garçons et filles fréquentent l'internat construit sur le terrain du monastère.
Au Tibet, dans le cadre de sa formation pour surmonter l'attachement à un lieu, la communauté monastique voyageait plusieurs mois de l'année à pied vers d'autres lieux, poursuivant ses prières et ses études partout où elle allait, comme au temps du Bouddha. Aujourd'hui, en Inde, pendant plusieurs mois par an, le monastère de Mainpat est encore utilisé par les moines de Dagpo Dratsang qui maintiennent ainsi cette ancienne tradition et continuent par la même de fournir des services religieux à la communauté tibétaine locale.
SPECIFICITES
Le monastère Dagpo Shedrup Ling était et est célèbre parmi les Tibétains du fait de plusieurs traits remarquables. Par exemple, les instructions du Grand Lamrim composé par Je Tsonkhapa forment la pratique de base de cette communauté monastique et, par conséquent, le monastère est également connu sous le nom de Lamrim Dratsang.
De plus, le monastère est connu pour la manière dont les connaissances y sont testées, ses chants particuliers et la beauté de leurs mélodies, ainsi que sa stricte discipline monastique.
LES SUJETS ETUDIES
Au Tibet, chaque printemps, une session spéciale était consacrée à l'étude et à la pratique du Lamrim, et une fois tous les trois ans, l'abbé enseignait l'intégralité du Grand Lamrim (800 pages). La philosophie bouddhiste y est enseignée et étudiée sur la base des cinq traités majeurs, ainsi que du Grand Lamrim de Je Tsongkhapa. L'enseignement et la méditation des instructions contenues dans ce dernier forment par ailleurs sa pratique fondamentale, ce qui a valu au monastère le nom de Lamrim Dratsang. Grâce à ces efforts, l'enseignement du Lamrim s'est répandu dans toute la région de Dagpo et de nombreux moines ont atteint les plus hautes réalisations. En conséquence, la lignée d'enseignement du Lamrim comprend de nombreux enseignants spirituels de Dagpo Shedrub Ling.
LE LAMRIM
En termes très simples, le lamrim est un entraînement graduel aux trois principales qualités de la voie spirituelle : le renoncement et le souhait de se libérer de toutes les souffrances, l'aspiration altruiste à l'Eveil complet ou bodhicitta, et la compréhension de la vacuité d'existence inhérente de tous les phénomènes grâce à la réalisation de leur interdépendance.
En 2000, une traduction anglaise du Grand Lamrim de Je Tsongkhapa a été imprimée par Snow Lion Publications. Dans la quatrième de couverture, le professeur Robert A.F. Thurman a désigné ce traité comme "... l'un des plus grands ouvrages religieux ou profanes de la bibliothèque de notre patrimoine humain" et le professeur D.S. Ruegg de l'Université de Londres a commenté : "Le Grand Traité est l'un des plus grands monuments de philosophie et de spiritualité au monde ainsi que l'une des œuvres les plus renommées de la pensée et de la pratique bouddhistes à avoir été composées au Tibet.
LA MANIERE DONT LES CONNAISSANCES Y SONT TESTEES
Pendant la longue période de leurs études, la capacité des moines à mémoriser les œuvres qu'ils étudient est régulièrement testée, tout comme leur capacité à appliquer ces connaissances au cours de débats dialectiques. Une fois qu'ils ont parcouru le programme et passé avec succès leurs examens finaux, ils reçoivent le titre de Rabjam, l'équivalent de Geshe dans d'autres institutions monastiques. Ils peuvent ensuite entrer dans un collège spécialisé dans l'étude des tantra, la branche ésotérique du bouddhisme.
LES CHANTS
Dagpo Dratsang est célèbre pour ses chants et ses mélodies merveilleuses. Ils sont mentionnés dans de nombreuses biographies d'enseignants spirituels. Un grand nombre des mélodies encore utilisées aujourd'hui lors des prières et des rituels ont été créées par le IIe Dalaï Lama. La plupart d'entre eux ont été composés spontanément à la suite de l'expérience spirituelle exceptionnelle d'un pratiquant.
LA STRICTE DISCIPLINE MONASTIQUE
Dagpo Shedrub Ling est réputé pour son application stricte du Vinaya (les règles de la discipline monastique), telles qu'énoncées par le Bouddha au Ve siècle avant notre ère. Par exemple, au Tibet, le port de chaussures dans le monastère était interdit, même au plus profond de l'hiver, et en tout temps les déplacements à cheval étaient prohibés. Pour éviter la cupidité et le désir, personne, pas même l'abbé, n'était autorisé à utiliser des ustensiles faits de matériaux précieux tels que l'argent, le cuivre, la porcelaine ou même l'aluminium. Seuls ceux fabriqués à partir de matériaux tels que l'argile, la pierre, le fer ou le bois pouvaient être utilisés.
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